Virginia Bersabé : peindre les corps marqués

Clara Debrois - Le 26 juin 2023

La peintre andalouse Virginia Bersabé étudie le corps humain avec passion dans ses œuvres. Mais ce ne sont pas n’importe quels corps qu’elle s’essaie à représenter. Ses tableaux ont pour objet les corps blessés, meurtris et violacées des personnes âgées.

Jambes de personne âgée allongée sur un lit, jambes marquées de bleus — Virginia Bersabé, *Entre sabanas de algodon*

Corps d'une personne âgée blessée allongée au sol — Virginia Bersabé, *Tapiz*

Les corps et la mémoire

Que ce soit la gouache, le dessin, aucun art plastique ne résiste à Virginia Bersabé, artiste diplômée des Beaux Arts de Séville. Et ce talent, elle le déploie pour représenter les corps blessés d’autrui. Très impactée par la perte de mémoire liée à l’âge, elle s’applique à redonner leur identité à ces corps marqués par le temps. La série photographique “Old L ove” mettait elle aussi en valeur ces corps âgés souvent mis de côté par l’art.

Personne âgée nue qui se cache avec une serviette, son corps est marqué de bleus — Virginia Bersabé, *Armonia*

Peinture de Virginia Bersabé d'un coude d'une personne âgée — Virginia Bersabé, “Morada al sur”

Coups et blessures, les peintures de Virginia Bersabé montrent des corps abîmés par le temps. Ses séries de tableaux, qui ont fait l’objet de nombreuses expositions à Séville, Málaga ou encore Madrid, montrent de multitudes de parcelles de ces corps blessés. C’est dans le détail que l’artiste travaille en focalisant ses œuvres sur des endroits bien particuliers des corps : ceux qui sont en mauvais état.

Corps d'une personne âgée de profil, assise sur un lit, en sous-vêtement — Virginia Bersabé, *Donde murmuran*

Peinture gros plan sur la joue d'une grand-mère avec des rides — Virginia Bersabé

Un impressionnisme moderne

Les œuvres de Virginia Bersabé sont comme un renouveau dans l’impressionnisme. Au lieu de se concentrer sur de grands paysages comme le faisaient les pionniers du courant, elle se concentre sur l’humain. Ses toiles sont baignées de lumière et ces faisceaux lumineux ne font qu’éclairer davantage les marques violacées sur les peaux claires.

Bras nus et couverts de bleus serrés contre la poitrine de leur propriétaire — Virgiia Bersabé, “Manojo de recuerdos”

Jambes nues couvertes de bleus — Virginia Bersabé, “Morada al sur”

Si on associe les tableaux de Virginia Bersabé à un impressionnisme moderne, c’est aussi parce qu’elle laisse voir la trace de son pinceau. Elle montre qu’il s’agit là du travail d’une artiste, un peu comme le corps blessé montre, par la multiplication d’hématomes et de blessures, que le temps est passé par là. À son tour, l’artiste laisse des empreintes après son passage.

Personne âgée allongée sur le sol en sous-vêtement, vue depuis ses jambes — Virginia Bersabé, “Manojo de recuerdos”

Personne âgée qui est aidée pour se déshabillée, vue sur son dos violacé — Virginia Bersabé, “Morada al sur”

Des œuvres d’envergure

Bien que Virginia Bersabé s’attache surtout à représenter de petites parties du corps humain, elle n’a pas peur de la grandeur ! La peintre est en effet une habituée des œuvres d’envergure. La campagne andalouse, si vous cherchez bien, recèle de peintures de l’artiste. Sur de grands murs abandonnés au milieu de champs, Virginia Bersabé peint des figures de personnes âgées qui sont alors figées dans la pierre.