Pas la peine de remuer la poutre dans l’écharde, le mois de Novembre nous a tous plus ou moins amoché.
Atteinte certaine à notre quotidien, pouvons-nous encore continuer à nous comporter comme des adolescents un peu obsédés sur les bords, assoiffés de head banging et picon-bière ? Bordel oui, et plus que jamais morbleu ! Je vais t’en foutre des odes à la vie, et puis partout, genre là, et là, t’en placarder sur chaque coin de mur, chaque palissade, ça va être une sacrée pollution visuelle c’t histoire !
Et de la propagande en veux tu en voilà, cette chronique graphique sera elle aussi une ode à la vie, et pour que naisse la vie, comme dit mamie, « faut bien passer à la casserole », faut du cul, du sexe, de la baise, faut se chopper, se chauffer, s’enrouler. Chaque jour est une orgie Fellinienne, Pasolinienne, Larry Clarkienne où l’on baise pour endiguer la mort, le morne et le truand. Ce mois ci un corpus de cinq artistes trace les traits de fiers amants, de désireux inavoués et de plaisirs non coupables, alors clôturons ces préliminaires, et passons au choses sérieuses…
Loin de nous décrocher qu’une houleuse demi-mole, Kim Roselier illustre avec brio la bête à deux dos via des enchevêtrements d’aquarelles et de couleurs savamment manipulées. Cette symbiose douce qui émane de ces corps brassés nous plonge dans cet état de plénitude céleste accordé après un nombre aléatoire de va et vient frénétiques.
Marion Fayolle cultive l’allégorie, les métaphores cocasses, dans des narrations simples mais au fort pouvoir évocateur. La suggestion devient chez elle tout un poème.
La simplicité c’est aussi ce qui fait la force des affiches de Matthew Heckart. Un minimaliste gracile, un cadrage pertinent, cette sobriété développe en nous une imagination aussi surprenante que fertile.
La suédoise Sara Andreasson nous embarque elle vers un érotisme pop, à l’esthétique vinyle. La sensualité n’est plus une affaire de genre, les codes se troublent, se mélangent, et c’est beau.
Mais visiblement l’imagerie pop ne cède pas la poussière, elle se renouvèle et semble avoir le pouvoir d‘illustrer des chaires au dessein aussi voluptueux que frivole. Laura Callaghan nous irradie la rétine avec des compositions saturées, comme un perpétuel bouquet final.