La Sélection Musicale n°80 :
Quand j’étais petit, j’avais une voix de fille, maintenant je peux en avoir une d’acteur porno si je veux. Mais s’il y en a un qui n’a jamais mué, c’est mon chien. Mon con de chien qui aboie sans arrêt.
Avec le temps, j’ai appris à parler son langage. Prenez par exemple, un jappement grave + queue en l’air = viens jouer avec moi s’il te plait. rajoutez un jappement, et vous tomberez dans le niveau de langage : viens jouer, et ainsi de suite jusqu’à : vas-y t’es relou, sérieux tu m’as saoulé.
Afin de ne pas en arriver à ces insultes et dans un soucis de bien éduquer mon ami canidé, je m’évertuais à répondre à ses attentes, évitant ainsi la dégringolade dans les bas fonds d’un langage châtier auquel je n’avais ni répartie, ni même envie de répondre. Les jours s’écoulaient paisiblement et on semblait enfin se comprendre. En deux aboiements, j’arrivais à discerner qu’il réclamait du saumon, mi-cuit avec une sauce au beurre demi salé comme il les aime, sans trop de poivre. Je jappais de bonheur moi aussi, je partageais ma gamelle nouvellement achetée, et le soir nous abordions des discussions bien moins creuses que des cernes de Johnny Hallyday sans maquillage, parfois même je lui laissais mon lit. Qu’est ce qu’un amas de plumes face à la sérénité, sérieusement? Bref c’était l’osmose avec un grand OS.
Un matin où nous débattions sur le coefficient de frottement des coussinets de chats par rapport à celui des chiens, je vis un rayon pointer son nez à travers le salon. J’eus envie de sortir, ce que mon compagnon à quatre pattes désapprouva d’un signe de tête, s’en alla chercher la laisse, me la mit autour du cou et la pris en pleine gueule. Il m’ouvrit la porte et me laissa passer en me promettant que si j’étais sage, nous passerions chez le boucher acheter une belle escalope, qu’il payerait de sa poche. Il n’y a pas à dire, il est vraiment con ce chien.