Pour présenter leur collection SS14, Peachoo Datwani et Roy Krejberg ont choisi les sous-sols du Palais de Tokyo. Le choix n’est pas anodin et fait parfaitement écho à l’architecture des vêtements proposés. Au commencement du défilé, un écran blanc apparait sur le mur du fond. Les mannequins, après avoir descendu un escalier, passent devant l’écran, permettant ainsi de voir se découper les contours de chaque silhouette. La mise en scène est sobre mais efficace.
Ici, aucune couleur. Tout est blanc, crème, noir et argent. La collection, d’abord faite de tonalités claires, s’assombrit par touches, pour laisser le noir dominé. Les matières sont belles, les contrastes de brillance et de matité apportent de la profondeur aux pièces, le tombé des tissus permet des drapages qui soulignent élégamment le corps, en particulier le dos. Matières fluides et autres plus rigides se juxtaposent. Sur certains vêtements des couches de tissus très fins se superposent et les contours sont laissés bords francs. Sur d’autres, de longs fils reliés aux broderies n’ont pas été coupés. Ces détails sont réalisés de manière parfaitement maitrisée. Le duo utilise également du brocart, qui ajoute un côté précieux à cette collection tout en subtilités.
La coupe et l’architecture du vêtement sont des points essentiels dans cette collection SS14. On trouve des tops asymétriques où les pinces ont disparu et où des découpes créent le volume. Des cols bénitiers rendent le dos de certaines pièces particulièrement riche et intéressant. Les robes et jupes sont souvent très longues, parfois même une bande se prolonge jusqu’au sol. Des jeux de superpositions et des panneaux fixés à la taille se retrouvent sur plusieurs silhouettes.
Peachoo+Krejberg utilise également le principe de déconstruction du vêtement, ne retenant parfois de la veste de costume que le col. Celui-ci est mis en évidence, grâce à un contraste noir/blanc. Il se croise sur un côté, est rentré en partie, ou encore recrée un plastron. On trouve également de grands cols montants, décollés du cou, qui donnent un sentiment d’austérité.
Concernant le styling, la sobriété est également de mise. Les mannequins portent des chaussures compensées noires ouvertes avec des chaussettes brodées. Comme seuls bijoux, elles ont revêtu de fins bracelets en métal, qui s’accumulent sur les bras. Les deux designers proposent une collection subtile et forte, sans surenchère de détails ostentatoires.
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Photo © Beware Mag | Antoine Duchamp