Une question m’a toujours taraudée. Peut on appréhender l’œuvre d’un artiste sans connaître sa vie ? Sa biographie apporte t-elle un éclairage complémentaire réellement déterminant sur son œuvre ? Sa production artistique se suffirait elle à elle-même pour en saisir le sujet ?
Une œuvre fait-elle sens par elle-même, indépendamment des intentions de son créateur ? A qui donner la parole ? Au spectateur ? Au sujet lui-même ? Au fantôme de l’auteur ? La vie de l’artiste influence t-elle son œuvre ?
On peut tous analyser une œuvre au travers d’une simple grille : Le cadrage, la lumière,le grain, la technique employée sont des indices précieux pour comprendre une photographie, mais alors, quelle place donner à l’émotion ?
Certains artistes ont un quotidien agité tandis que d’autres traversent la vie plus sagement, parfois même en restant cloué de la naissance à la mort au même endroit. Patrick Swirc n’appartient pas à cette catégorie, à aucune de ces écoles d’ailleurs, à aucune école en fait sauf peut être celle de la vie.
Natif de Saint-Étienne, il étudiera la photographie en Suisse à Veuvey, qu’il quitte subitement au bout de deux années au bras d’une femme pour rejoindre Paris.
Au départ, il y a les portraits qui finiront en une de journaux comme le Monde, Telerama, Elle ou encore Vogue. Alain Benoit, directeur du célèbre magazine « Façade » sera une rencontre déterminante pour lui, toute comme la parution en une du visage de Dalida en 1981.
Âgé d’un peu plus d’un demi siècle, il peut s’enorgueillir d’avoir photographié tout le showbiz : Gainsbourg, Nina Hagen, Jagger, Johnny Depp, Deneuve, Clint Eastwood, Tarantino, la liste est interminable.
La preuve ici : http://www.swirc.com/
Entre deux shootings, il plonge son regard dans d’autres lumières ;Celle de l’Inde, de la Mongolie, du Kazakhstan, celle de l’Asie également d’où il rapporte des carnets, des objets et naturellement beaucoup de photographies.
Aussi immédiat qu’il soit d’avoir accès à ses photos, il est moins aisé d’avoir accès au photographe. Un de ses amis le décrit de la manière suivante : « Un photographe motard aux allures de Corto Maltese avec ses rouflaquettes, ses tatouages et sa veste de marin ou de travailleur Chinois. ». Nous ne croiserons pas son regard cette fois ci. On se contentera des images (et quelle consolation!!!) en se souvenant de cette phrase Robert Bresson:
« Deux personnes qui se regardent dans les yeux ne voient pas leurs yeux mais leurs regards. »