Artiste italien, Nicola Alessandrini présente souvent des images envahissantes et déstabilisantes qui entremêlent science, culture populaire, folklore et vie quotidienne.

Nicola Alessandrini, l’être humain au coeur de son œuvre
Artiste né à Macerata en Italie, diplômée depuis 2002 par l’Académie des Beaux-Arts de la même ville, Nicola Alessandrini est devenu une figure active de l’ambiance artistique underground locale et nationale.
Depuis 2006, il fait partie du projet Yuri & Yuri Gagarin Brothers dont les œuvres pop-réalistes et apocalyptiques aux couleurs acides décrivent les icônes de notre culture populaire avec ironie. Dans une atmosphère déstabilisante, les enfants sont transformés en monstres, les personnages de dessins animés sont représentés comme un Saint-Sébastien moderne et les personnages sont poinçonnés, découpés, peints avec des couleurs plates, ornés d’éléments optiques et souillés.
En 2015, dans la galerie Portanova 12 à Bologne, Nicola Alessandrini inaugurait son exposition Della Mia Carne qui rappelle à quel point l’être humain est le protagoniste incontestable des œuvres de l’artiste. Dans cette exposition, l’artiste dessine la figure de l’être humain dans une approche pessimiste, presque colérique, confrontant l’observateur à des images dures et brutes.

Dans une approche résolument obscure de l’Homme, Nicola Alessandrini mélange différents composants, éléments organiques et parties hétérogènes qui fusionnent, créant de nouveaux individus, de nouvelles enveloppes faites d’humains et d’animaux, prêtes à contenir les instincts bestiaux.
De plus en plus, c’est une image fixe, dure et violente, un coup-de-poing dans l’estomac, qui s’impose à l’observateur face à ces entités, symbole de sensations et d’émotions brutales.

Appréciant troubler ses observateurs, Nicola Alessandrini les amène à se plonger dans des réflexions plus personnelles quant à l’existence de l’Homme moderne. Simplement armé d’un crayon et de papier, l’artiste crée des images saisissantes et surréalistes qui explorent le subconscient. Le genre et la sexualité jouent aussi souvent un rôle dans les œuvres d’Alessandrini, ainsi que des totems de l’enfance.
Nicola Alessandrini, un artiste de rue au style déroutant
Nicola Alessandrini se plonge dans une recherche artistique acide et sincère sur la relation entre l’individu et la société, la communication publicitaire et la perception personnelle, l’immobilier et la virtualité.
En 2020, il expose à nouveau dans la galerie Portanova 12 au côté de Lisa Gelli. Toujours dans une atmosphère construite par des œuvres bizarres, l’exposition intitulée I Figli Degli Altri (The children of others) s’ouvrait sur une peinture murale monumentale réalisée par les deux artistes semblant réécrire Saturne dévorante de Goya, Dieu de la mythologie romaine qui n’a pas hésité à engloutir ses enfants lorsqu’il a prophétisé que l’un d’eux le supplanterait et le priverait de pouvoir.
Le singe-Saturne est ici l’archétype de la primauté de l’humanité, une identité qui n’a pas évolué et qui a encore l’espace et la possibilité de façonner le destin de sa lignée. « Singe », c’est aussi une insulte raciste, emblématique d’un monde continuellement déchiré par les frontières et les tranchées. Bouffon, monstre, victime, dessin animé, le singe originel ressemble à la fin à un adolescent agité déclarant la guerre à ses parents distraits et confus.

S’alliant à nouveau avec un autre artiste de rue, Nemo’s, Alessandrini s’est lancé dans la construction d’un nid aussi grotesque qu’époustouflant sur un mur à San Martino in Pensilis. Dans une peinture murale réalisée à côté d’une zone naturelle détériorée par un incendie, les artistes de rue rappellent cette blessure par le haut du corps brûlé de la figure tandis que des oiseaux finement plumés s’agitent, peut-être dans l’optique de reconstruire leur maison perdue. Proche de leur terre, les deux artistes dénoncent alors la négligence de l’Homme qui détruit les terres de leur pays.

Proche de cette volonté de représenter la Terre, Nicola Alessandrini a produit un corpus quelque peu surréaliste de dessins et de peintures qui transforment le corps, le monde animal et le monde végétal pour mieux comprendre les systèmes de base qui créent l’équilibre et le déséquilibre.
Ainsi, dans une fresque réalisée à Santa Croce di Magliano, l’artiste crée à nouveau des relations entre le corps et la Terre. « L’œuvre représente un corps humain reliant deux formes de vie différentes, le sol et les systèmes lymphatiques » explique-t-il. Les deux plantes sont embrassées par le corps tandis que la robe florale de la femme représente le sol fertile qui les relie et qui donne de l’énergie et de la nutrition au corps.

Retrouvé le travail de l’artiste sur son site