A l’occasion de la parution du second album du producteur anglais Archie Fairhurst a.k.a Romare, revenons sur les origines de son nom de scène, des nombreuses idées et des références qui irriguent sa musique, à travers la figure de son maître à penser, l’artiste américain Romare Bearden (1911-1988).
Né le 2 septembre 1911 à Charlotte, Caroline du Nord, l’artiste déménage avec sa famille à Harlem en 1914. La maison de ses parents devient un lieu de rencontres pour les personnalités de ce que l’on nomme “La Renaissance de Harlem”. On y croisera entre autres Duke Ellington ou Langston Hughes. Un microcosme favorable au développement artistique jeune homme d’alors. De 1935 à 1937, Bearden est caricaturiste pour le journal de Baltimore Afro-American, tout en étant travailleur social à New York. Il réalise ses premières œuvres sur son temps libre et va peu à peu rencontrer un vaste écho dans le monde de l’art. Il recevra de nombreuses distinctions de son vivant et même la “National Medal of Arts” remise par le Président Ronald Reagan en 1987. Il meurt l’année suivante à New York. De nos jours, son travail figure dans de grandes institutions américaines ; le Whitney Museum of American Art de New York, le Museum of Fine Arts de Boston, le Philadelphia Museum of Art, etc.
Activiste engagé dans la défense de l’identité afro-américaine, Bearden exprime sa vision de la société américaine à travers des peintures naïves et des collages innovants. Il travail tout autant à la retranscription de scènes de vie de sa communauté (les musiciens de jazz dans les bars) qu’à la construction de visuels symboliques relatant les pressions et les violences vécues par les afro-américaines. Son œuvre est rattachée à la tradition de l’afro-centrisme, un courant de pensée développé au XXème siècle les identités et les apports culturels des populations africaines à l’histoire mondiale. Si certains noirs américains ont considéré que leurs racines se trouvaient en Afrique, d’autres souhaitèrent s’intégrer à la société américaine, en faisant entendre leurs particularismes, leurs idées et leurs opinions. Ces tensions identitaires écartelèrent continuellement l’œuvre de Romare Bearden, questionnant ce sentiment d’appartenance plurielle de la communauté afro-américaine.