La féminité se décline avec virtuosité sous les coups de crayon affûtés d’Esra Roise, la jeune étoile montante de l’illustration norvégienne. Les dessins d’Esra ont l’éclat de cette osmose parfaite qui allie facture et discours. Elle nous livre une interprétation sensuelle et vaporeuse de la ligne, elle froisse le principe d’achèvement en noyant le trait dans un allègre sfumato de vibrations colorées, donne vie aux châles soyeux, aux fourrures, et cuirs de ses héroïnes sexy.
Et puis ses portraits de femmes et d’accessoires de mode divers et variés, sont aussi l’occasion de faire un beau pied de nez à tous les sceptiques du mélange des techniques. Car la vivacité de ces milles et une textures est en partie dûe au savant mariage du crayon, de l’encre de Chine et de l’aquarelle. Métisse, l’oeuvre l’est aussi par la propension de la dessinatrice nordique à paufiner son travail-main à l’aide de l’outil numérique Photoshop.
Comment passer à côté de cette impression de fraicheur et de spontanéité que dégagent de telles créations ? Fascinante ode à la jeunesse, à la frivolité, et à l’étrange beauté, ces petits morceaux de temps suspendu s’offrent à nous dans toute la platitude du quotidien. Bien sûr on aura constaté la maîtrise des représentations, la précision du trait, l’obsession descriptive qui achèvent d’ancrer les figures dans un réalisme certain, ainsi que le naturel des poses, qui dévoile là, la nostalgie de ce sourire, ici l’âpreté de ce regard, où l’on sent percer toute l’influence du “snapshot” photographique.