Mélanger Steve Reich et Flying Lotus ? Une surprenante alchimie signée Cvd ! Ancien élève du Groupe de recherches musicales de l’INA, Charles Dollé de son vrai nom, commence à se tailler une réputation en 2014, lorsqu’il dévoile son EP “Surgical Goldsmith” chez Velour. Il reste timide mais continu de proposer de temps à autre quelques productions léchées comme ce remix du morceau “Lôôôve You Negacra” de Chassol. Aujourd’hui, le revoilà en producteur et multi-instrumentiste accompli avec “Elsewhere Nowhere“, 1er album solo chez Cascade Records, dans lequel se mixe le jazz, le hip-hop et la musique électronique sans fausse note.
Dès l’ouverture baptisée “Dog Voices”, on pénètre de plain-pied dans un jazz électronique nébuleux, une direction artistique rappelant légèrement Fly Lo et ce n’est pas le morceau “And Man Created Karma” qui nous fera dire le contraire.
Des prods pleinement hip-hop comme “Meta” ou “Venus Waterfall” viennent également se glisser sur la tracklist et semblent s’inspirer des trouvailles de la Beat Scene de L.A, tout en s’incarnant à travers une écriture toute en finesse.
D’autres inventions musicales comme “Fantasio Theme” brisent un peu plus les barrières entre les genres et dessinent un horizon . L’artiste ne s’éloigne jamais de ses claviers et de ses cordes entêtantes, insufflant à son album une dynamique aérienne et rêveuse clairement salvatrice.
Ainsi, le projet s’écoute d’un seul trait, les sonorités s’enchaînant les unes aux autres, en totale apesanteur dans l’imaginaire de l’artiste et à l’abri des ruptures de ton déstructurant le propos et le plaisir d’écoute. Cvd cultive un son en équilibre sur le fil de l’expérimentation, refusant de s’enfermer dans l’intellectualisation pure et dure, au profit d’un dialogue avec nos sens à travers son MPC ou sa basse. Les harmonies et les rythmes de son projet s’infiltrent dans l’espace et délivrent une vision résolument moderne du hip-hop, flirtant avec le jazz et la musique électronique. On recommande et on en redemande !