Photo de Charlie Faron, assis dans un fauteuil avec ses illustrations en fond

[INTERVIEW] Lorsque la musique s’entremêle avec la mode : Rencontre avec Charlie Faron 

Image d'avatar de Lola GautierLola Gautier - Le 13 septembre 2023

Charlie Faron n’a que 26 ans et pourtant, il dirige avec brio Encré., marque de mode et label musical. Il brise les conventions et nous plonge dans son univers tout droit inspiré du monde du tatouage. Son génie créatif se déploie dans un univers où finesse et insolence fusionnent.

Photo de Charlie Faron, assis dans un fauteuil avec ses illustrations en fond

Attablé en terrasse d’un café parisien en plein mois de juillet, Charlie Faron, le fondateur d’Encré., se livre à cœur ouvert à Beware!. Il crée Encré. en 2017 et donne naissance à des créations authentiques qui défient les conventions. Face aux obstacles et porté par ses ambitions, il n’a jamais baissé les bras, tandis que sa marque ne cessait de prendre de l’ampleur. Rencontre avec un as de la mode et de la mélodie. 

Charlie, raconte-nous comment Encré. a vu le jour ? 

À la base, c’est né avec l’idée d’avoir imprimé un motif dans le dos, avec une couleur unie devant. Petit à petit, c’est le tatouage qui m’a réellement inspiré. J’ai tenté : j’ai imprimé mon premier motif, je l’ai mis sur un sweat, puis je n’ai eu quasiment aucun retour. J’avais l’impression que mes efforts ne servaient à rien : nous sommes des dizaines et des dizaines à vouloir créer des marques tout le temps. Un jour, je suis allé dans le magasin d’un pote qui était en train de fermer. Ce jour-là, je portais le sweat que j’avais créé. Mon pote l’a adoré et il m’a proposé d’exposer mes créations dans son magasin le temps qu’il ferme. Pendant un an, c’était plutôt mou, et de fil en aiguille, ça a évolué. 

Et donc, tu as poursuivi dans cette boutique de ton ami ? 

Non, sa boutique a fermé rapidement, près de deux mois après y avoir exposé mes collections. Donc la première année, j’ai surtout essayé de vendre mes créations sur notre e-shop. Au bout d’un an, ça ne marchait pas trop. Il fallait donc que je trouve le moyen de ne pas avoir de stock, ou d’avoir un stock que je puisse transformer, pour ne pas me retrouver avec toute la marchandise sur les bras. J’ai acheté une machine à broder et j’ai appris à dessiner. Mon objectif, c’était vraiment de me suffire à moi-même, de tout créer seul. Je ne voulais pas avoir à faire appel à qui que ce soit, lorsqu’il s’agissait de dessiner ou de broder, donc j’ai appris à tout faire tout seul. 

Devanture Encré.

Tu dis que tu as appris à tout faire tout seul. Tu n’as jamais pris de cours de dessin ?

Non, du tout. Mais honnêtement, je me considère plus directeur artistique que dessinateur. Avec les outils dont on dispose aujourd’hui, c’est comme faire de la musique : tout le monde peut en faire, mais ce n’est pas pour autant que tu es musicien. C’est pareil pour le dessin : avec les logiciels comme ProCreate, tu peux zoomer à l’infini et décider d’annuler ton trait avec deux doigts. C’est probablement pour ça que je me suis longtemps senti illégitime à dessiner sur toile. Maintenant, je dessine un peu plus. 

Tes créations sont minimalistes et authentiques. Où puises-tu ton inspiration ?

Je ne sais pas trop… (hésitation). Généralement, de ce que je vois dans la rue. J’adore me poser dans un café, regarder les gens, observer leur façon de s’habiller. J’aime dire que je ne m’inspire de personne, mais j’ai un cerveau très imagé : je pense qu’inconsciemment je m’inspire de plein de choses qui ressortent un peu plus tard.

Tu as déjà eu envie de mêler musique et mode ?

Le label appartient à 100% à Encré. Et ce qui est beau, c’est que la marque que je montais pendant que la musique ne marchait pas me permet aujourd’hui de financer la musique : c’est comme un cercle qui naît. Je pense que les deux peuvent être connectés : si un jour j’ai la chance de faire une tournée avec des endroits où on peut vendre du merchandising, ça fera un pop-up Encré. itinérant qu’on pourra mettre partout. D’habitude, ce sont les musiciens qui créent leur merch une fois qu’ils se sont fait une place dans la musique, l’inverse n’existe pas trop. 

Ton meilleur souvenir avec Encré. ?

Bonne question (rires). Il y a forcément des accomplissements : quand t’as un article, quand t’es en couverture d’un magazine ou alors quand on a signé Citadium il y a 4 ans, on savait que ça allait un peu projeter le truc. Donc je dirai que c’est plein de petits moments plutôt qu’un gros moment parce qu’il n’y a jamais un gros moment d’un coup. Quand je vois Timothé Chalamet qui porte une de mes fringues et qu’il est avec Kanye West c’est vraiment gratifiant. Dans la musique c’est pareil : t’as des lives qui sont incroyables, hyper gratifiants. Quand tu passes à la radio ou que tu as un bel article qui sort, c’est super agréable d’avoir la reconnaissance de ce que tu fais.

Quel genre de difficultés as-tu rencontré ?

Je pense que financièrement, c’était le plus compliqué. J’ai eu la chance d’avoir un soutien des banques assez rapidement et d’avoir un soutien familial important. Ma mère m’a acheté ma première machine à broder et mon père m’a aidé dans les travaux de ma première boutique. Sans ma famille autour, cela aurait été beaucoup plus délicat. Et ensuite, les banques m’ont permis de poursuivre. Néanmoins, au niveau de l’argent, cela reste super dur. Lorsque tu commandes 5000 t-shirts, tu as une somme d’argent à payer d’un coup. Et bien, si tu ne l’as pas, tu n’as pas tes t-shirt. Tu vendras tes t-shirts sur les six prochains mois et tu ne récupéreras pas ce que tu as payé. Les banques ne financent pas le stock, personne ne finance le stock. On l’oublie assez souvent, mais là où les gens gagnent le plus d’argent, c’est quand tu n’as pas de stock dans ta société.

Est-ce que ton statut d’entrepreneur empiète sur l’artiste que tu es ?

Ça empiète forcément, dès l’instant où tu es celui qui paye et celui qui crée. Habituellement, l’artiste est sur le côté et n’a pas à s’occuper de ça. Moi, j’ai une double casquette, donc ce n’est pas évident. Puis mes habitudes changent aussi : j’ai beaucoup moins le temps de créer. Toute à l’heure on parlait de dessiner. Là typiquement, je n’ai pas dessiné depuis la semaine dernière. 

Photographie d'étagères avec les produits Encré.

Encré. respecte une éthique particulière ?

Oui, on essaye au maximum. On est pas bio parce que j’y crois assez peu : la qualité est souvent très mauvaise. A quoi bon acheter du Bio si au premier lavage on doit le jeter ? On a essayé de faire du made in France, mais c’est trop cher. Alors on essaye au maximum de ne rien jeter et de sous-produire le plus possible. Je pense qu’on a aussi une éthique du travail : je fais en sorte que les équipes soient heureuses de venir au travail.

Ta plus grande fierté ?

Je pense que c’est de pouvoir faire ce qu’on veut quand on veut et de se moquer du regard des autres. Et oui, on ne se contente pas d’aller à toutes les soirées pour serrer des pinces. C’est véritablement ce que j’ai instauré dans cette marque et ce que j’ai voulu faire comprendre à tout le monde. Ce n’est pas ce qu’on voit à la télé : c’est du boulot, du boulot et encore du boulot. Et ouais, s’en foutre un peu, c’est primordial. 

Je suis fier quand je vois que je réussis à créer une interaction avec autrui. Que ça passe par les mots ou les phrases un peu border qui font rire… Ou encore via les dessins où les gens se disent « waouh, c’est super beau ». Je veux créer une émotion à partir d’une interaction, et quand c’est pari accompli, j’en suis fier.

Charlie Faron
Hoodie avec le phrase suivante "I could write you poems but I'd rather fuck"

Tu as des projets pour Encré. ?

On ouvre déjà la boutique de Bruxelles définitivement le 7 septembre. On ne s’en rend pas forcément compte mais, ouvrir une boutique, cela demande un travail monstrueux. On a aussi l’ArtFest 4 à Bruxelles fin septembre, avec près de 40 tatoueurs. On a pas mal de petits projets aussi : je vais ouvrir plus grand à Paris puis nous allons nous développer un peu à l’étranger. Développer la déco aussi, cela fait parti de nos objectifs. Nous allons recevoir la première plus grande machine à broder au monde et apparemment nous serons les seuls à l’avoir pour le moment. Nous pourrons broder du 1m70 sur 1m70 : cela va nous donner une infinité de possibilités qu’il s’agisse de la broderie à plat, des tapis ou du linge de maison. On aimerait en profiter pour développer le côté un peu plus lifestyle.

Quel est ton rêve ?

J’ai eu un rêve très égocentré pendant pas mal de temps, c’était d’être dans le 30under30 France. C’est en train de me passer, l’ego se réduit un peu (rires). J’ai un rêve en musique, c’est d’avoir le disque d’or. Parce que c’est un objet à la fois matériel et symbolique. Tout le monde sait ce que c’est un disque d’or. Je trouve ça très valorisant de se dire que tu peux en avoir un. Maintenant, pour moi, c’est la course à la durabilité. Être encore là dans 10 ans : là on a levé des fonds, c’est très bien. Mais il faut rester en piste. Donc mon rêve c’est juste de pouvoir continuer à faire ce que je veux. 

Coussin "À l'amour?"

Retrouvez toutes les pièces Encré. sur la boutique en ligne.

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Hoodie avec deux danseurs et des coeurs au dessus d'eux.
T-shirt "le fleuriste"
Jacket "I like u"
Cadre sur fond noir avec détails colorés
Banane noire avec dessins colorés
Jacket - the scream
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Lola Gautier
Article écrit par :
Étudiante avide de culture et d’écriture, j’explore les multiples facettes de l’expression artistique : photographie, peinture, street-art et bande dessinée. 🎨🌟📸

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