Interview de Camille Marotte, réalisateur et motion designer français

Image d'avatar de AntoineAntoine - Le 4 juin 2013

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Aujourd’hui, Beware s’intéresse à un jeune réalisateur freelance et motion designer francais appelé Camille Marotte. Avec des travaux déjà bien reconnus sur des communautés comme vimeo, Camille ne cesse de progresser et de nous épater. Même si encore jeune, il a eu l’occasion de travailler pour de marques imposantes comme L’oréal, Garnier, Maybeline, Peugeot, etc…  Cette année, il nous a également annoncé le lancement de son studio baptisé Blacknegative (en collaboration avec d’autres motions designers, webdesigners et soundesigners). Etonné aussi bien par son sens de la composition que par son sens de la colorimétrie, nous avons décidé d’aller à la rencontre de ce réalisateur et nous le remercions d’avoir accepté de répondre à nos questions. A présent, place à l’interview :

 

Peux tu nous expliquer qui tu es, ce que tu fais, pourquoi le fais tu et quel a été ton parcours.

Je m’appelle Camille mais je suis un homme (he oui !).
Je suis passionné d’image et d’art sous toutes ses formes mais principalement de photo, de motion design, de film et de musique. J’ai fait une école où il fallait dessiner des femmes nues entre deux projets de 3D ou de Web (ça entraîne la concentration), en faisant pendant mon temps libre des photos et des petits montages façon trailers de films. J’ai eu des périodes très 3D, d’autres très motion, et après 3 ans à travailler avec Vente-privée.com sur des films pour différentes marques je suis devenu réalisateur freelance.

 

Tes réalisations sont souvent très soignées et visuellement très épurées. Tu as un sens du visuel plus qu’évident. Comment t’est il venu ?

Depuis quelques années la mode du motion design est à l’accumulation d’éléments 2D et 3D avec un rythme soutenu des animation rapides genre “prend ça dans ton visage”, et même si j’essaye parfois de mettre du rythme comme sur le projet Bose ou un autre projet en cours, je préfère souvent aller vers quelque chose de doux et contemplatif et en tous cas immersif. Je me suis détaché progressivement du motion pour aller vers l’image pure, et y chercher de l’émotion “naturelle”. Je crois du coup que je compose des films davantage comme des photos animées en essayant de suggérer une histoire mais sans la raconter complètement (c’est une belle formule non?).

 

On peut remarquer que tu travailles beaucoup sur les effets de lumières et les jeux de contraste, c’est en quelque sorte ta marque de fabrique. A ton avis, qu’est ce que cela apporte a tes travaux ?

J’aime beaucoup la photo, et peut être même davantage le travail de colorimétrie que la prise de vue.

J’ai toujours passé beaucoup de temps à “développer” mes photos sur Lightroom et Photoshop, tester différentes choses au niveau des couleurs. On est parfois surpris de toute l’ambiance qu’on peut créer avec quelques réglages, et de l’imaginaire qui en découle ensuite. Je crois sincèrement que le traitement des couleurs est aussi important que le sujet et la composition.

 

Selon toi, qu’est ce qui fait de toi ce que tu es et qu’est ce qui te différencie des autres motion designers actuels ?

Le calme :p

Je suis assez admiratif des motions et des montages très rapides qui sont bien à la mode, et je les laisse volontiers à ceux qui savent les faire mieux que moi. Je crois que je suis trop attaché à la belle image pour laisser un beau plan visible moins une seconde. Donc je pense que c’est ça, et aussi le fait que je ne porte jamais de fringues flashy (suivez mon regard).

 

 Je constate que tu travailles souvent avec le 5D mark II, un objectif Canon 1.4 et un 100mm 2.8, un modèle/configuration très convoité. Si tu devais changer, quel caméscope ou réflex numérique prendrais tu ? Et pourquoi ?

J’ai déjà changé… pour le 5D mark III ;)

Je pense que le 5D a apporté une très belle qualité d’image et un style qui s’approche de ce qu’on peut voir au cinéma, et pour un prix et une mobilité qui a du coup séduit beaucoup de monde. Mais j’ai eu la chance de pouvoir tourner aussi avec une Arri 235 sur pellicule 35mm, et aussi avec l’Alexa, l’une des meilleures (mais lourde, mon épaule s’en souvient encore) caméra numérique à l’heure actuelle. La configuration de tournage n’est pas du tout la même avec des équipes beaucoup plus grosses (dès que ça dépasse une personne pour moi c’est une grosse équipe) qui peuvent atteindre 80 personnes, comme par exemple sur mon film Maybelline.

Par contre même si j’adore la qualité du 5D, il faut avouer que les images de ces caméras m’ont vraiment mis une belle claque dans les yeux, avec en plus beaucoup de possibilités en étalonnage donc vivement que tout ça arrive dans des formats plus compacts et moins chers (hâte de voir ce que donne le 1DC par exemple).

 

Que penses tu d’un phénomène qui se déroule ces dernières années, à savoir le remplacement de caméscope par des réflexs numériques ?

La vraie question serait plutôt : mais pourquoi avoir fait aussi longtemps des caméras avec des capteurs microscopiques? Le mode vidéo du 5D était au départ une petite option et son succès à été une surprise pour Canon, preuve que les ingénieurs n’écoutaient jusqu’alors pas vraiment les professionels.

Maintenant ce serait bien que les fabriquants d’objectifs écoutent aussi tous les réalisateurs qui veulent jouer avec les flares, les flous, les accidents, et proposent plus de possibilités dans ce sens (oui, je pousse un cri).

 

Comment s’est déroulée ton arrivée dans le monde du travail ?

Après 4 ans d’école j’ai décidé de ne pas faire ma 5ième année, avec un peu de chance j’ai été pris à un poste de motion designer chez Vente-privée.com et ça a été la meilleure des écoles au final puisque pendant presque 3 ans j’ai pû faire un film (motion, 3D ou vidéo) chaque semaine, à chaque fois pour une grande marque différente et en étant complêtement autonome et indépendant (désolé, c’était une longue phrase). C’est de cette manière que sont nés les films Bose.evolve, Citroën.construct et les deux films Ralph Lauren qui nourrissent encore mon book aujourd’hui et m’ont permis de faire un peu parler de moi sur Vimeo et certains blogs de graphisme. J’ai eu ensuite beaucoup d’appels qui m’ont poussés à me lancer 100% en freelance et de pouvoir me réveiller tous les jours sur les coups de midi ;)

 

Dans quelle situation professionnel/personnel te vois tu dans 20 ans ? Explique nous comment tu projetterais ton avenir.

Je me vois comme un jeune réalisateur aujourd’hui et j’espère avoir la chance de pouvoir être un vieux réalisateur dans 20 ans. Ce n’est pas évident puisque c’est un monde qui aime bien la nouveauté et du coup la jeunesse, il faut pouvoir évoluer et faire valoir son expérience en ayant réaliser des projets ambitieux pour être encore appelé sur des projets intéressants par la suite. C’est une construction d’image personelle aussi puisque les étiquettes sont rapidement données et qu’il est difficile de faire autre chose qu’un certains type de films si on est vu comme le spécialiste d’un style. C’est pour ça que je m’essaye à des projets hi-tech, beauté, voiture (ou même un projet “épique” à venir) pour ne pas avoir l’étiquette nature et le surnom de M.Fougère trop longtemps (…)

 

As tu des gros projets/rêves à réaliser dans un avenir proche ?

Voyager encore davantage et enfin arriver à refaire le grand écart facial que j’arrivais à faire à 14 ans, mais croyez moi…c’est dur.

 

Merci Camille pour cette interview ! N’hésitez pas à retrouver davantage de ses travaux sur son folio ou sur vimeo

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Antoine
Article écrit par :
Concepteur de produits, créatif et développeur. Originaire de Belgique. Il est actuellement chez Rasayel. Auparavant, il a travaillé pour Remi, CitizenLab, CentralApp et a participé à l'accélérateur CambridgeJBS.

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