Claudia Grégoire capture ce qui l’entoure au gré de ses voyages, photographie des humains aux réalités différentes, et parvient également à susciter le mystère lors de mises en scène très éclectiques et colorées. Selon elle, la photographie permet à la personne derrière l’objectif de se dépasser et d’innover, ce qui explique probablement la polyvalence dont la photographe montréalaise fait preuve. Rencontre avec une artiste caméléon qui jongle entre les univers avec passion et intuition.
Observatrice attentive, Claudia Grégoire se nourrit essentiellement des diverses cultures qu’elle visite et des personnes qu’elle rencontre grâce à ses shootings hétéroclites. Aspirant avant tout à voyager et à cumuler les expériences diverses, la photographe n’appartient à aucun genre précis si ce n’est celui d’embarquer le plus possible sur de nouveaux projets.
Ainsi, paysages impressionnants, portraits en noir et blanc et photomontages énigmatiques se retrouvent côte à côte dans sa liste de créations visuelles. En fait, peu importe le sujet, l’ambiance ou encore l’émotion, puisque pour elle « tout peut devenir un vaste monde de possibilités ».
Comment réussis-tu à passer d’un style à l’autre ?
Claudia Grégoire : Varier les façons de faire me plait beaucoup, car j’aime sentir que je m’améliore et il n’y aura jamais de limites à ça. Je vois tout comme une expérience nouvelle qui peut être bénéfique. Quand on m’offre un contrat différent, j’y trouve du plaisir et j’y vois un défi idéal pour sortir de sa zone de confort. Je suis assez convaincue qu’une partie d’apprentissage me reviendra en retour pour mes projets personnels un jour ou l’autre.
Qu’est-ce que tu préfères justement dans le fait d’être très libre dans ton processus créatif ?
C.G. : Travailler en équipe avec d’autres esprits super créatifs est ce que j’adore le plus, peu importe le style. C’est important de partager ses points de vue dans le domaine de la création et c’est toujours hyper stimulant. Sinon, certains de mes très beaux moments avec ma caméra étaient en voyage, seule pendant un instant, à faire de la photo de rue dans un présent très conscient.
Est-ce que tu choisis tes destinations de voyage en fonction de la photographie ?
C.G. : C’est sûr que ça fait partie de moi, alors oui, le côté photogénique d’une nouvelle place c’est pas mal au top de mon appréciation globale. Ce qui me séduit le plus, ce sont des endroits qui sont peu voire pas du tout transformés pour le tourisme. Je cherche sans cesse à capter un aspect typique et significatif, ou bien isoler une atmosphère particulière. J’aime beaucoup étonner les gens par la beauté d’un endroit qu’ils n’avaient pas soupçonnée. Prochainement je compte aller en Asie et je sais que le potentiel photographique sera plus qu’abondant, mais toutes les destinations ont leur propre charme culturel et je sais que je ferai de la photo peu importe où je serai.
Réfléchis-tu la mise en scène de tes photos à l’avance ou bien te laisses-tu entrainer par l’instantanéité ?
C.G. : En général, je note tout ce qui m’inspire dans mes cahiers où je brainstorm mes pensées. Ça me donne une belle banque d’idées qui peuvent parfois venir de loin pour les photos que je créé. J’ai beaucoup d’aspirations visuelles à combler et je les réalise quand c’est le temps.
Avec un-e modèle, il y a toujours une ligne directrice de prévue et partagée d’avance, précise ou vague. Par contre, rendu à la prise de vue, il y a aussi ce petit moment magique de laisser-aller qu’on préfère en fin de compte. Il y a une part d’envol créatif et d’instantanéité, c’est toujours ce qui me fait vraiment plaisir dans un projet plus mode ou créatif. Quand on sort du cadre qu’on s’était donné pour essayer de nouvelles choses inattendues, parfois, ça fonctionne encore mieux. On ne sait pas si on n’essaie pas.
Qu’est ce qui te pousse à capturer une image plutôt qu’une autre ?
C.G. : Je dirais que je veux toujours faire quelque chose de différent de ce que j’ai fait auparavant. C’est une question de passe, d’influences et d’intérêts. Au fond, prendre une photo, c’est faire plusieurs choix. On adopte un certain sujet, donc on favorise ou on élimine quelque chose de notre cadre. L’angle choisi peut changer bien des choses pour la perspective du sujet également. Le message qu’on veut donner quand la mise en scène est évocatrice est aussi à penser. Peu importe la situation, je regarde dans mon cadre et j’essaie de faire une composition intéressante avec tous les éléments qui sont là, un peu à la manière d’un peintre.
As-tu une photo préférée parmi toutes celles que tu as prises ?
C.G. : Je n’ai vraiment pas qu’une seule photo préférée ou sinon, c’est très temporaire. Souvent, je suis principalement emballée par mon photoshoot le plus récent, dans ce cas-ci, ce sont des Drag Queens. Il y a aussi des photos que je lis très subjectivement, car la circonstance m’a marquée. Je retrouve parfois des photos oubliées et elles deviennent soudainement très importantes à mes yeux. Tout dépend du moment de la lecture de l’image. Une photo peut prendre tout son sens à un moment ultérieur car comme toute oeuvre d’art, elle est libre aux impressions du spectateur.
Dans tes séries de photographies créatives on ressent beaucoup de mystère, de fragilité… Quelles sont les émotions qui t’inspirent ?
C.G. : Ce qui m’attire visuellement c’est très souvent l’abondance, comme la surcharge de couleurs, d’éléments magiquement bien placés, de textures. Je joue beaucoup avec mes traitements en post-production pour ajouter une touche poétique, actuelle et nouvelle à l’image traditionnelle.
Ça m’amuse et ça m’inspire beaucoup de photographier des personnages excentriques ou du monde du spectacle, du cirque, etc… Montrer la différence, la non-conformité ou tout simplement mettre en lumière des êtres qui sortent du lot de notre génération est quelque chose d’important pour moi.
J’aime l’ouverture qu’une image peut avoir chez quelqu’un, une perception différente et une appréciation originale.
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