“The Nearer The Fountain, More Pure The Stream Flows”, les contemplations de Damon Albarn

Image d'avatar de Shad De BaryShad De Bary - Le 14 novembre 2021

Figure de proue de la scène musicale britannique, Damon Albarn fait de son dernier album une longue méditation, à la fois appel au voyage et introspection.

Portrait de Damon Albarn, pour "The Nearer The Fountain, More Pure The Stream Flows".
Damon Albarn dans l’objectif de Linda Brownlee

Cofondateur de groupes mythiques, Blur et Gorillaz entre autres, Damon Albarn est un compositeur immanquable de l’industrie musicale actuelle. Son deuxième opus solo à strictement parler, “The Nearer The Fountain, More Pure The Stream Flows“, s’offre comme une expérience complète, pleinement héritée de l’atmosphère morose du confinement.

Créer pour s’échapper

En parlant de ce nouvel album, le musicien confiait l’été dernier au magazine NME : “J’avais l’impression que le début de cette année était tellement lugubre et que je devais faire quelque chose pour me transporter hors de ces, je ne dirais pas léthargies, mais tempêtes“. Et il y a bien quelque chose qui ressemble à la fuite dans cet opus hérité de la pandémie.

Comme “Palais d’Argile“, des français de Feu! Chatterton, cet album est la reconstruction d’un spectacle qui n’aura jamais eu lieu. En 2019, la ville de Lyon donne carte blanche au musicien pour créer un spectacle à l’occasion de la Fête des Lumières. La représentation sera balayée par la crise sanitaire, mais l’artiste garde des fragments musicaux, pensés avec des équipes venues d’Islande, une île qui l’inspire profondément.

Une lettre d’amour aux paysages Islandais

Avec “Royal Morning Blue“, il signe un morceau dont la rythmique rappelle son travail avec Gorillaz. Ode aux orages sur la mer, ce titre nous entraîne devant ce paysage à la fois sombre et magnifique. Alors que la pluie se mêle à l’iode, les températures tombent et le temps se suspend pendant que la neige apparaît. L’artiste témoigne : “C’est ce moment, ce sentiment. Au milieu de tous les ténèbres qu’on a pu ressentir, c’était si beau, si positif.

Lui même retiré sur l’île nordique, donc, il fait de cet album une lettre d’amour à la nature qui l’a entouré pendant l’enregistrement, qui lui a permis de transformer ses premiers essais en un album complet. Celui-ci se clôt sur “Particles“, un morceau qui lui serait venu après avoir observé une aurore boréale.

L’inévitable introspection

Le morceau titre, “The Nearer The Fountain, More Pure The Stream Flows“, reprend un poème de John Clare. C’est la mère du britannique qui lui a fait découvrir cette œuvre du début du 19e siècle, connu sous le nom de “Love and Memory”. Le travail de Clare est celui de la reclusion, puisqu’il s’est lui même fait interner quelques temps. De plus, dans cette complainte, le deuil de l’être cher est aussi celui qu’a du faire l’artiste après la mort de Tony Allen, pionnier de l’afrobeat, dont il était très proche.

Avec “Combustion“, il essaie de retracer l’effervescence de l’imagination juvénile. À partir de photographies de son enfance, il se lance pendant plusieurs jours dans une réminiscence tirant sur l’absurde, récitant les légendes griffonnée maladroitement sur l’album photo. “Je voyais tout le monde autour de moi en train de se demander ‘mais qu’est-ce qu’il fait ? Il est devenu un peu fou’“, confie-t-il, “mais j’ai beaucoup apprécié ce moment, parce que je suis retournée à cette période de ma vie, et je me suis rappelé toutes les choses insensées qui sont arrivées“.

Avec “The Nearer The Fountain, More Pure The Stream Flows“, Damon Albarn nous plonge donc dans une méditation pittoresque définitivement réussie. De quoi patienter, en attendant la sortie du long-métrage annoncée par le groupe Gorillaz en collaboration avec Netflix.

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