François Ollivier a commencé il y a trois ans à arpenter les rues de Montréal à la nuit tombée, sur son vélo. C’est de cette manière qu’il part à la recherche de la bonne lumière, du bon lieu et des bonnes personnes qui donneront vie à ses clichés mélancoliques.
Autodidacte, François Ollivier part en voyage à Cuba en 2015. A son retour, il poste ses photos en ligne et se rend compte qu’elles trouvent un écho auprès des internautes, ce qui lui donne le goût de continuer dans la photographie. Le timing de la vie faisant parfois bien les choses, c’est également à cette période qu’il commence à travailler en tant que rédacteur de contenu freelance, ce qui lui permet de pouvoir consacrer davantage de temps à son art, notamment dans une optique commerciale.
Montréal sous différentes lumières
La plupart de ses clichés sont pris de nuit, à la lumière des éclairages publics. « C’est un moment que je trouve beau, paisible, tout prend des proportions dramatiques la nuit », affirme l’artiste. Alors il sillonne la ville en quête de sites inspirants, intéressants.
Une fois le lieu trouvé, il cherche le « bon » modèle – celui qui s’accordera avec le décor – parmi les passants. À partir de là, il analyse la combinaison des deux et crée son image un peu à la façon d’un tableau. « J’aime prendre en photo de parfaits inconnus, s’amuse-t-il. Mais ce n’est pas toujours facile de trouver la bonne personne et qu’en plus elle accepte, surtout la nuit quand un mec barbu qui sort de nulle part les aborde pour les prendre en photo ! ».
François Ollivier aime aussi jouer avec la lumière naturelle. Par exemple, avec sa série « A bright interval », il a voulu interroger notre faculté à nous arrêter afin de contempler la lumière automnale projetée sur les buildings.
Autres traits caractéristiques de son travail : la symétrie, et les formes géométriques des bâtiments et environnements qui lui servent de décor. « En fait, j’essaye de prendre les photos telles que je vois l’image moi-même, à l’œil nu », explique le photographe. Et en intégrant presque systématiquement des sujets dans ses photos, François Ollivier souhaite en fait casser le côté a priori froid et désincarné de ses arrière-plans.
Le basculement vers la photographie documentaire : « arrêter de faire du joli pour faire du joli »
Si François Ollivier a toujours accordé de l’importance à l’aspect esthétique de ses photos, il avoue ne pas vouloir s’enfermer dans des créations qui seraient seulement harmonieuses et agréables à regarder. « J’ai envie de rajouter de l’information, une histoire derrière tout ça », précise-t-il. C’est pourquoi en 2017, il souhaite approfondir son travail, associer l’esthétique au pertinent, en s’orientant vers la photographie-documentaire pour mettre en lumière des sujets qui lui tiennent à cœur.
Il avait déjà amorcé cette transition avec sa série « SNAP kids » : « Cette série c’est comme mon premier documentaire », relève-t-il. SNAP pour Stop Now And Plan, est un programme développé par le Child Development Institute et destiné aux enfants ayant de graves problèmes de comportement. François Ollivier a été contacté pour faire la promotion du programme, ce qu’il a tout de suite accepté.
En tout cas, pour le moment, il semble tenir ses résolutions puisqu’il vient de publier une nouvelle série sur Cuba, thématique qui lui avait déjà porté chance auparavant. Cette fois, contrairement à son premier récit de voyage, il a voulu proposer quelque chose de plus profond en mettant en avant la vie quotidienne des Cubains, bloqués dans un environnement paradisiaque et frustrés face à une société où les changements s’opèrent trop doucement.
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