C’est l’un des travaux les plus intéressants sur la lumière que l’on puisse trouver. Aristotle Roufanis, photographe grec basé à Londres, redéfini les limites de l’éclairage avec ses clichés. Il a déjà réalisé une multitude de projets différents portant tous des messages distincts mais avec un point commun : l’absence quasi totale de lumière pour montrer ce qui se passe dans le noir.
Dans la série « Insolations » par exemple, qui suggère par son nom que l’on pourrait retrouver un soleil éblouissant, de la lumière à la limite de la surexposition, en réalité tout est sombre. On est au bord d’une plage et c’est comme si le soleil était caché par des nuages très noirs. On ne voit que la réflexion sur l’eau, la couleur dominante étant le noir. Ce travail sur la lumière permet une grande liberté pour l’artiste : il transforme les paysages qui sont capturés. On pourrait penser qu’on ne voit que de l’eau alors que le sable se mélange aux vagues sans qu’on ne le voit. D’ailleurs, on ne voit même pas la limite entre eau et terre. Aristotle le dit lui-même : « La richesse des textures dans ces photos est remarquable, tout spécialement dans la manière qu’ont le sable et les vagues de se mélanger l’un dans l’autre pour créer des surfaces qui ne ressemble pas à du liquide ni du solide. » .
Le projet qui attire le plus l’œil pour l’instant est « Alone Together ». Aristotle a souhaité transformer les paysages des grandes métropoles mondiales (Paris, Londres, Athènes Miami, etc), toujours travers le prisme de la lumière. Son constat est simple : la pollution lumineuse est omniprésente dans ces villes et celles-ci sont difficilement reconnaissables sans éclairage artificiel la nuit. C’est pour cela qu’il s’est concentré sur ce dernier aspect pour construire son travail photographique. À travers ce constat, un autre en émerge d’après l’artiste : « Plus grande est la ville, plus seul on se sent ». Vous l’aurez compris, cette série est surtout portée sur la notion d’individu, chose que l’on retrouve également dans beaucoup d’autres travaux photographiques. Mais ici tout est également tourné autour de la lumière, Aristotle Roufanis a volontairement enlevé les éclairages de rues, de panneaux publicitaires, pour ne laisser que celui qui émane des appartements et des maisons. Ça appuie totalement sa citation puisque tout est réduit à une fenêtre, quelques points lumineux dans le noir profond. Gros contraste. Et c’est parlant, on se pose réellement la question de l’isolation dans des villes qui frôlent parfois les 9 millions d’habitants pour Londres. Ce dernier projet possède toutes les caractéristiques qui peuvent définir le travail de Aristotle Roufanis : une technique méticuleuse et maîtrisée, une absence de lumière volontaire pour définir un message dans le noir.