Pitchfork Music Festival, notre liberté indéfectible.

Image d'avatar de Mathieu KoehlMathieu Koehl - Le 19 novembre 2015

L’écriture est timide et délicate dans cette période que nous traversons mais pourtant ces mots, nous les aimons, ces articles, nous les écrivons. Une volonté certaine d’écrire toujours avec cette même passion du partage. Ces articles ils sont les reflets de nos ressentis, de ce que nous vivons et de ce que nous aimons, ils sont les images et les décors même de la liberté, notre liberté. Une liberté valeur, fière et indétrônable qui ne pourra jamais s’effondrer car comme chaque année, nous attendrons de pied ferme les dates de nos artistes que nous aimons.

Pitchfork Grande Halle
Grande Halle de la Villette – Crédits Photos : Free Rubens

Le ballet des semi-remorques prenait à nouveau place aux abords des 26 000 m2 de la Grande Halle de la Villette et les techniciens déchargeaient des tonnes de matériel pour assurer l’expérience sonore et visuelle.

Il faut dire qu’elle a toujours fière allure cette structure de fer et de fonte, alors recevoir tant d’acteurs pour la sublimer à nouveau et mettre en place « LE » Festival « premium » de Panam c’est peut-être la moindre des choses dans la continuité de ce lieu prestigieux et pour l’amour du son.
– Je vous entends déjà…
– Et bien oui ! Le produit « Pitchfork » c’est du positionnement haut de gamme.

 Son prix est toujours dans les conversations, il exaspère même les plus fervents supporters, mais comme bien souvent, l’expérience atténue la gronde financière.

Premières lueurs des festivités

Nous sommes jeudi, les musicophiles arrivent par petits lots sans cohue, les organisateurs ont la banane, le premier stand partenaire est en approche : Mircrosoft. Du premium on vous dit ! Il est la « Rolls des stands », non pas par sa fréquentation mais par son emplacement. Un point de passage obligatoire pour chacun des festivaliers.

Son taux mémoriel avoisine les 100 % et la simple évocation du stand Microsoft ferait très certainement briller les yeux de n’importe quel rédac’ chef pour mettre en avant son journal…

Quoiqu’il en soit, les festivaliers flânent, y découvrent les espaces du festival, y retrouvent ces mezzanines qui surplombent le site du Pitchfork et qui offrent sans nul doute les meilleurs points de vue pour les shows à venir. Mais avant de se concentrer sur les prestations sonores, petit tour de la propriété…

Vue Mezzanine 1
Panorama du haut des mezzanines – Crédits Photos : Free Rubens

La première mezzanine offre un marché de créateurs « Klin d’œil » avec ses lots de créations : bijoux, fripes, accessoires en tout genre, les plus créas tomberont même sur un stand Kiblind qui nous invitera à colorier une planche à dessin. En tout cas les filles semblent s’y retrouver, quant aux mecs ils observent. D’ailleurs, eux aussi ont repéré un espace : « Playground », (l’esprit du gamer renaît toujours) juste en face sur l’autre mezzanine.

Cette fois-ci, on y retrouve des balançoires (d’ailleurs vous en avez peut-être fait avec le duo Ratatat sans le savoir Samedi soir, après leur live), une table octogonal pour se faire un ping-pong et se détendre entre deux 2 lives. On se défie sur les flippers et on essaye tant bien que mal d’insérer ces logos en bois Pitchfork dans les 4 fentes de cette table de billard moyenâgeuse…

L’espace du chill au service du partage et de la communion. Si on tend un peu l’oreille, c’est aussi notre bonne vielle Europe qui est là. Saxons, Germaniques et autres peuplades sont de la partie, aucun doute le Pitchfork sait capter un public international.

Klin d'oeil - Marché de créateurs
Klin d’oeil – Marché de créateurs – Crédits Photos : Free Rubens
Balançoire Pitchfork
Espace playground – Crédits Photos : Free Rubens

Place au jeu sonore

Pour apprécier le luxe sonore du Pitchfork, deux stratégies :

  1. Se glisser dans la foule et de façon centrale par rapport à la scène
  2. Prendre de la hauteur sur les différentes mezzanines de la Halle.

Le luxe, c’est la rareté et une nouvelle fois encore, le Pitchfork réussit son pari d’une programmation que l’on voit peu sur le territoire français.

On le ressent très vite, Pitchfork Music Festival s’amuse dans la cour des grands. Il est cette entité média qui a réussit à s’imposer par sa culture et son positionnement affirmé dès le départ : indie/pop/rock + des mises en avant des musiques électro/hip hop sélectionnées avec tact.

Lorsqu’on sait qu’il y a 15 ans de cela, ses rédacteurs se battaient déjà pour mettre en avant Radiohead dans leur ligne éditoriale, voir et entendre Thom Yorke s’amuser avec sa petite bande à Paris, on se dit que c’était presque (trop) facile à inviter, enfin…

Quoiqu’il en soit dans ce positionnement et sur cette édition, on a sélectionné pour vous ce qui nous a semblé les meilleurs lives alors voici sans plus attendre notre Top 3 du « Pitchfork Hit Machine » en repensant à Charly & Lulu :

1. Run The Jewels

Du Hip-hop dans une prog à majorité Indie, c’est vrai c’est facile ça sort du lot, mais c’est pas si facile de se retrouver dans notre top 3 non plus !

Gros coup de chaud samedi soir, les deux acolythes EI-P alias Jaime Meline et son pote Killer Mike alias Michael Santiago Render étaient là pour notre plus grand bien. On a retrouvé toutes les images inconscientes que l’on imaginait et attendait d’eux. Un groupe imposant ses flows avec une énergie lourde et imposante qui a fait jumper la foule du début à la fin. C’était peut-être la cerise sur le gâteau cette dernière date de l’année au Pitchfork. En tout cas, la sauce “rap game” à l’américaine s’impose comme souvent avec cette rythmique épaisse mais décisive dans l’univers recherché.

Pas de hasard si début 2015, les deux compères ont été nommés album de l’année sur Pitchfork US. Le résultat en live en était tout autant conquérant. Conquérir la prestation pour conquérir le public ? Mais, ont-ils seulement besoin de conquête ?

Sûrement pas, le naturel de « la teuf assurée » ne se maîtrise pas.
Ici c’est « brut de sens », c’est l’amour de la scène et du partage « x100 » sans la moindre retenue.

Run The Jewels
Run The Jewels – Crédits Photos : Free Rubens

2. Battles

Nous les attendions très précisément pour plusieurs raisons : un nouvel album sorti en septembre dernier, une nouvelle tournée par la logique des choses, 5 ans d’attente depuis le dernier album, un univers qui prendrait encore plus d’assise qu’auparavant… Bref, il fallait à tout prix se reconcentrer sur l’appareil productif des Battles ! Et, quelle claque se fût !

Nous pourrions parler longuement de l’enthousiasme du public, de la symbiose créée, mais jouons la synthétique comme on dit :

Battles aujourd’hui c’est la quête et le chemin lumineux de l’instrumental !

Se concentrer sur cet objectif instrumental est la clé de leur succès aujourd’hui. La précision et le jeu scéniques sont démultipliés car les 3 compères nous invitent littéralement à la création de leur live, en live. La performance apparaît alors comme unique et nous sommes rentrés dans « la bulle à rythme Battles » sans jamais en ressortir !

Comme on apprécie ces bulles à rythmes qui nous cloisonnent dans une atmosphère précise, on t’invite forcément à filer voir leur rediffusion ci-dessous grâce aux caméras de la Blogothèque. Et puis comme Noël approche, on te dirais de te mettre à partir de la 21ème minute pour planer comme des lutins à l’arrière du traîneau Battles ou encore se mettre à la 30ème minute pour apprécier leur morceau phare ajusté sur 8 min de bonheur.

Battles
Battles – Crédits Photos : Free Rubens

3. Laurent Garnier

Tant de mots ont déjà été dépensés pour congratuler cet homme et ses prouesses sur la planète Techno. Juste, mais justesse : Merci !

Il serait trop facile d’écrire et d’exprimer que nous étions sur une autre planète, que… mais une chose est certaine, lors de cette nuit, lorsqu’un certain Laurent Garnier à prit les manettes, nous nous sommes engouffrés dans un tunnel spatio-temporel dénommé « Retour vers le passé ».

On est tombé comme nez à nez dans le début des années 90 dans l’une de ces fameuses soirées Techno « Wake Up » au Rex qu’organise notre cher Laurent à cette époque. Le plus étonnant, c’est qu’autour de nous, nos yeux tombaient sur une paire de Dr. Martens Originals, une casquette Lascoste, un survet épuisé, un jean taille haute… la fameuse banane ne devait surement pas être loin mais l’on rêvassait joyeusement et dansait sur cette longue et belle frise chronologique qui nous a transcendé jusqu’aux première lueurs du matin.

Cela se réécoute forcément aussi : Laurent Garnier – Pitchfork Music Festival (2015)

Laurent Garnier - Crédit Photo : Jacob Khrist
Laurent Garnier – Crédit Photo : Jacob Khrist

On poursuivrait ce classement sans aucun doute par Thom Yorke qui lui aussi a surperformé avec un live très réussit. Quelques relâchements parfois mais qui était dans l’esprit de l’univers proposé.

On parlerait également de l’utilisation de la vidéo artistique lors de ce concert comme un théâtre visuel qui donne sens à une véritable dualité avec la musique. Un esprit que l’on a retrouvé également sur Godspeed You! Black Emperor ou Philippe en milieu de fosse gérait à lui seul 4 projecteurs utilisant des bobines de 16 mm. Une insertion là aussi finement jouée avec l’identité du groupe.

On dirait encore beaucoup de belles choses mais la réussite du Pitchfork c’est aussi du vécu. Si écrire c’est une première approche du ressentis, Pitchfork Festival c’est du vivre sans approche. 

On se retrouve l’année prochaine pour prendre notre pied sur du premium à volonté ?

 

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Mathieu Koehl
Article écrit par :
[ Conquérir et partager la culture. ]

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